2006 Le sentiment d'injustice autorise-t-il le recours à l'illégalité?

2268 mots 10 pages
Les titres en couleurs servent à guider la lecture et ne doivent en aucun cas figurer sur la copie.

Introduction
« Avoir des devoirs » est une expression courante qui implique la présence d’un sujet à l’égard duquel nous sommes engagés. Il est fréquent de penser que nos obligations ont pour destinataire autrui, notre semblable. Cette idée commune est sensée. La vie sociale implique des relations qui ne peuvent fonctionner qu’à la condition d’être organisées par des lois et intériorisées par chacun sous la forme de devoirs. Être honnête, être respectueux, sont des valeurs reconnues pour justes. Est-ce là la totalité de nos devoirs ? Nous parlons aussi de devoirs envers Dieu, l’État, et parfois même les animaux et la nature. Y a-t-il un caractère commun à ces divers exemples ?
©HATIER

Enfin, le devoir semble avoir une valeur réflexive au sens où il s’adresse aussi à nous-mêmes. Ce point peut paraître curieux car il signifie que nous nous devons quelque chose. N’est-ce pas abusif et dangereux pour notre liberté ? Pouvons-nous cependant séparer autrui de ce que nous sommes, si autrui est l’« autre moi » ?

1. Aux sources du devoir
A. La dette « Devoir » vient du verbe latin debere qui signifie « avoir une dette ». Dans ses études sur le droit ancien, Louis Gernet nous apprend que le devoir, debitum, désignait la satisfaction que le débiteur était tenu de fournir à son créancier. Avoir des devoirs serait donc être endetté, et faire son devoir, honorer sa dette. Lorsque je suis redevable à quelqu’un, il dispose ainsi d’un droit sur moi, et je suis son obligé. L’obligation est la marque d’une dépendance reconnue. Je suis tenu de faire quelque chose envers une autre personne, étant donné une situation antérieure. Gernet indique aussi que c’est le premier sens de l’engagement. Si l’époque moderne nous a habitué à le concevoir, avec Sartre, comme l’action d’une liberté qui décide souverainement d’orienter son existence, il faut savoir qu’à l’origine, ce terme

en relation