35Heures, bouc émissaire
Le Parlement s'apprête à voter la loi « portant rénovation de démocratie sociale et réforme du temps de travail », qui pourrait marquer la RTT pour les cadres. Accusées de tous les maux, les 35 heures sont devenues l'obstacle à abattre. Elles n'ont cependant pas eu l'effet économique négatif qu'on leur prête.
On attribue aux 35 heures un grand nombre de tares. Elles seraient responsables de la faible croissance en raison de leur coût excessif, des contraintes qu'elles font peser sur les entreprises et des blocages qu'elles engendrent pour travailler davantage. Elles seraient le symbole d'une France paresseuse, ayant choisi de privilégier le loisir et le farniente et qui s'étonne de voir son pouvoir d'achat s'éroder. Nadine Morano, porte-parole de l'UMP, résumait ces critiques le 8 janvier dernier (sur France Inter) d'une formule frappante: "Les socialistes ont injecté 15 milliards d'euros dans les 35 heures pour empêcher les Français de travailler." A l'heure où il faudrait retrousser ses manches, les 35 heures apparaissent comme l'obstacle essentiel à abattre. Qu'en est-il au juste? Revue de détails des affirmations les plus courantes.
Les 35 heures ont-elles crée des emplois?
Oui. Sur les 2,4 millions d'emplois créés dans les entreprises entre 1992 et 2006, les quatre cinquièmes (1,9 million) l'ont été durant la période 1998-2002. Bien évidemment, tout cet emploi supplémentaire ne peut être imputé à la seule réduction du temps de travail (RTT). La croissance a joué un rôle majeur. Mais, à l'inverse, il est clair que la croissance exceptionnellement forte de l'emploi salarié durant les années "35 heures", de 1998 à 2002 inclus (+ 15% pour les sociétés et + 10,5% pour l'ensemble de l'emploi salarié), ne peut en aucun cas être expliquée par la seule croissance économique qui a été de 14% durant ces cinq années cumulées. Selon l'Insee et la Dares (le service statistique du ministère du Travail), les 35