Adam
Les Misérables - , 4 ème partie, livre 12
Gavroche, un gamin de Paris, aide les insurgés qui construisent une barricade, au cours del’émeute parisienne de juin 1832.
Gavroche, complètement envolé et radieux, s’était chargé de la mise en train. Il allait,venait, montait, descendait, remontait, bruissait, étincelait. Il semblait être là pour l’encouragement de tous. Avait-il un aiguillon ? oui certes, sa misère ; avait-il des ailes ? ouicertes, sa joie. Gavroche était un tourbillonnement. On le voyait sans cesse, on l’entendaittoujours. Il remplissait l’air, étant partout à la fois. C’était une espèce d’ubiquité presque irritante ; pas d’arrêt possible avec lui. L’énorme barricade le sentait sur sa croupe. Il gênaitles flâneurs, il excitait les paresseux, il ranimait les fatigués, il impatientait les pensifs, mettaitles uns en gaieté, les autres en haleine, les autres en colère, tous en mouvement piquait unétudiant, mordait un ouvrier ; se posait, s’arrêtait, repartait, volait au-dessus du tumulte et del’effort, sautait de ceux-ci à ceux-là, murmurait, bourdonnait, et harcelait tout l’attelage ;
mouche de l’immense Coche révolutionnaire.Le mouvement perpétuel était dans ses petits bras et la clameur perpétuelle dans sespetits poumons Hardi ! encore des pavés ! encore des tonneaux ! encore des machins ! où y en a-t-il ?Une hottée
de plâtras pour me boucher ce trou-là. C’est tout petit votre barricade. Il faut que
ça monte. Mettez-y tout, flanquez-y tout, fichez-y tout. Cassez la maison. Une barricade,c’est le thé de la mère Gibou
. Tenez, voilà une porte vitrée.Ceci fit exclamer les travailleurs.- Une porte vitrée ! Qu’est-ce que tu veux qu’on fasse d’une porte vitrée, tubercule?- Hercules vous-mêmes ! riposta Gavroche. Une porte vitrée dans une barricade, c’est excellent. Ça n’empêche pas de l’attaquer, mais ça gêne pour la prendre. Vous n’avez donc jamais chipé des pommes par-dessus un mur où il y avait des culs de