Aguirre la colère de dieu
[pic]
Sorti en 1972, Aguirre, la colère de dieu , est le troisième long métrage de fiction du réalisateur Werner Herzog, et demeure avec Fitzcarraldo le film le plus connu de son œuvre tentaculaire. Il marque, dans la filmographie du réalisateur, une étape importante, en tant que première de ses fictions à aborder une civilisation extra- européenne, et à se dérouler dans un cadre historique et géographique précis (ce sera le cas par la suite de Fitzcarraldo et Cobra Verde, par exemple). Le cinéaste a en effet consacré une partie de son œuvre à l’histoire de la colonisation, abordant l’invasion occidentale de l’Amérique du Sud, plus particulièrement l’Amazonie ( Aguirre) , puis l’implantation des occidentaux au début de la période moderne dans ces mêmes terres (Fitzcarraldo) et en Afrique (Cobra Verde). Le thème de la domination coloniale est donc cher à Herzog, qui n’a eu de cesse de questionner la condition occidentale et de s’interroger sur les cultures extra-européennes à travers près de 40 années de diverses fictions et documentaires. Nous allons voir en quoi, dans Aguirre, il donne une vision presque anthropologique de la société occidentale, développant les thèmes qui lui sont particulièrement chers , comme celui du Surhomme, homme occidental empreint d’une titanesque volonté de domination, et ceux directement tirés de ses influences romantiques en tant que membre, du moins à ses débuts, du nouveau cinéma Allemand , du mysticisme et de la nature.
I L’avancée tragique: une anthropologisation de l’occident.
[pic]
Dès le début du film, Herzog présente la quête des conquistadors espagnols comme une tragédie, dont l’issue ne peut être que fatale, puisqu’un texte introduit l’histoire de la façon suivante:
« Après la conquête et le pillage du Royaume Inca par les Espagnols, les Indiens, misérablement opprimés, inventèrent la