Allah n'est pas obligé, de ahmadou
On oublie parfois trop facilement à quel point le Québec est une société privilégiée. L’enfance est ici une période généralement associée au jeu, au réconfort de l’amour parental, à l’absence de responsabilités. Cette réalité est pourtant tout autre dans plusieurs coins de la planète, comme on peut le constater dans l’extrait d’Allah n’est pas obligé, d’Ahmadou Kourouma. En effet, la situation décrite par le narrateur, un jeune garçon de 10 ou 12 ans, ne laisse pas place à l’espoir. Son pays présente des conditions de vie peu propices au bonheur et, de plus, ses croyances religieuses ne lui permettent pas d’espérer que sa vie s’améliore. (115 mots) Tout d’abord, le jeune Birahima vit dans un monde où les conditions de vie sont particulièrement dures et où, du coup, ceux qui y vivent peinent à croire en un avenir heureux. En effet, l’Afrique présentée dans le texte est très violente, comme l’illustre le passé d’enfant-soldat du narrateur : « Et moi j’ai tué beaucoup d’innocents au Liberia et en Sierra Leone où j’ai fait la guerre tribale, où j’ai été enfant-soldat[1] ». Comme on le constate dans cet extrait, Birahima évolue dans un univers où même les enfants tuent, où la mort est une réalité à laquelle les jeunes comme les plus vieux sont constamment confrontés. Le fait que le narrateur évoque ses meurtres sans émotion, sans non plus exprimer de regrets, confirme que ce passé violent n’est pas perçu comme étant extraordinaire : la violence fait partie intégrante du monde dans lequel Birahima a grandi. D’ailleurs, ce monde offre peu d’alternatives à la violence. En effet, l’instruction ne mène nulle part et la corruption est omniprésente dans le pays du narrateur : « L’école ne vaut pas le pet de la grand-mère parce que, même avec la licence de l’université, on n’est pas fichu d’être infirmier ou instituteur dans une des républiques bananières corrompues de l’Afrique francophone.[2] » L’expression qu’emploie Birahima