Les médias dominants et les personnes éduquées décrivent d’Amérique Latine comme une région de fréquents coups d’état, de révolutions périodiques, de dictatures militaires, avec une alternance de booms et de fiascos économiques et la présence éternelle du Fond Monétaire International (FMI) pour lui dicter sa politique économique. A l’opposé, les mêmes faiseurs d’opinion ainsi que leur homologues universitaires présentent les Etats-Unis et l’Europe comme des sociétés stables avec des croissances économiques régulières, une amélioration progressive des acquis sociaux, des compromis consensuels pour résoudre les problèmes et des pratiques fiscales saines. Récemment, au cours de la plus grande partie de la dernière décennie, ces images sont devenues des dogmes idéologiques qui n’ont plus rien à voir avec la réalité. En fait on peut dire que les rôles se sont inversés : les Etats-Unis et l’UE sont en crise perpétuelle et l’Amérique Latine, au moins pour la plus grande partie, jouit d’une stabilité et d’une croissance qui fait envie (ou devrait faire envie) aux experts de Washington et aux commentateurs financiers. Ce ’renversement des rôles’ est reconnu par beaucoup d’investisseurs et de multinationales étasuniennes, européennes et asiatiques, alors même que les journalistes soi disant respectables du Financial Times, NY Times et Wall Street Journal continuent de parler de la fragilité, du déséquilibre et autres failles de la région tout en reconnaissant à contre coeur le dynamisme de sa croissance. Les cercles progressistes sont aussi fautifs car ils se concentrent sur les ’avancées’ des régimes de gauche mais ignorent les dynamiques souterraines qui affectent la plus grande partie de la région et perdent ainsi de vue les nouveaux points de conflit et de dispute. Notre projet est de mettre en lumière ce qui oppose le "Nord" (Etats-Unis/UE) en crise au "Sud" (Amérique du sud) dont la croissance est soutenue. On se demandera s’il est possible de