Né en 1922, Michel Crozier a passé la plus grande partie de sa carrière professionnelle au CNRS où il a fondé et animé pendant 30 ans le Centre de sociologie des organisations (CSO). Il a dirigé de nombreuses recherches empiriques, d'abord dans l'administration publique, puis dans les grandes entreprises, enfin dans les institutions les plus diverses : petites entreprises, éducation, hôpitaux Professeur à Nanterre en 1967-68 puis à l'université de Harvard (1967-70) et à l'université de Californie (1982-1990), il a fondé avec un groupe de sociologues et dirigé le DEA de sociologie de Sciences Po. Il est l'auteur de "Le phénomène bureaucratique" (1964), "La société bloquée" (1970), "L'acteur et le système" (1977) et "L'entreprise à l'écoute : apprendre le management post-industriel" (1989). En 2002, le premier tome de ses mémoires, "Ma belle Epoque", est sorti aux éditions Fayard. Le deuxième tome , "A contre-courant", vient de paraître. Depuis 1999, Michel Crozier est membre de l'Académie des sciences morales et politiques.
L'analyse stratégique est un paradigme de la théorie des organisations proposé par Michel Crozier et Erhard Friedberg. D'un point de vue théorique, on peut dire qu'il prend la suite des analyses structuro-fonctionnaliste.
L'acteur au sens de Crozier-Friedberg est « celui dont le comportement (ie. l'action) contribue à structurer un champ, c'est-à-dire à construire [des] régulations. On cherche à expliquer la construction des règles (le construit social) à partir du jeu des acteurs empiriques, calculateurs et intéressés. Ces acteurs sont dotés de rationalité, même si elle est limitée ; ils sont autonomes et rentrent en interaction dans un système qui contribue à structurer leurs jeux. »1. Les acteurs interviennent dans un système, l'organisation, qui doit et peut s'ajuster à des contingences et des changements de natures diverses. Cependant, il n'existe pas d'ajustement naturel – c'est-à-dire automatique et incontrôlé – mais uniquement