Aristocratie, clergé, bourgeoisie, plèbe : tous ces groupes sociaux, tandis que s’écroule la société qui pour Maupassant les soutenait dans leur illégitimité, se retrouvent dans la France du Second Empire renversés dans leurs prétentions. Les bourgeois, dans leur rhétorique morale, apparaissent comme fondamentalement immoraux; les aristocrates, prônant le courage, font preuve de lâcheté; le clergé, dépeint comme vil, se soumet immédiatement aux Prussiens, laissant choir sa patrie; le démocrate, amateur de politique, apparaît comme un autre grand parleur hypocrite qui ne sait pas vivre comme il parle; la plèbe, dans le personnage de Boule de suif de profession immorale émerge pourtant comme héroïne dans sa générosité et son patriotisme.

Une fois le contexte historique établi par Maupassant, il expose les traits des classes sociales de la société française de la fin du XIXe siècle, pour leur faire entreprendre, souhaitant fuir la guerre contre la Prusse, un voyage dans une diligence dont l’exiguïté rapidement leur pèse. Serrés les uns contre les autres, ils s’épient et prennent connaissance de leurs nouveaux compagnons. Son allure et sa réputation trahissent chacun, dès que son siège est pris. Deux passagers surtout font toutefois naître des chuchotements : Boule de suif, prostituée célèbre par sa corpulence et l’appétit qu’elle suscite chez son prochain; Cornudet, dit le démoc, reconnu par ces gens respectables qui l’accompagnent à contrecœur. Les trois couples – petits bourgeois, bourgeois et aristocrates – mettent peu de temps à entamer des conversations insignifiantes, se sentant unis par l’argent et leur position, contrairement aux autres. On remarque que les trois maris sont assis face à leurs femmes, ce qui donne à penser au lecteur qu’ils peuvent commodément observer la fille de joie.

Une tension s’établit au sein du groupe qui constate la lenteur du véhicule, et la faim s’installe dans les estomacs. Lorsque l’absence de nourriture leur apparaît comme