analyse l’étrange cas du dr jeckyll et Mr hyde
Bien au-delà du thème simpliste de la dualité entre bien et mal et de la notion caricaturale de la schizophrénie en tant que « dédoublement de la personnalité » passée dans le langage commun, le texte de Jekyll et Hyde est riche en idées pertinentes pour la psychologie et la neurologie d'aujourd'hui. On y trouvera une réflexion profonde sur les thèmes du rejet de l'altérité et du refoulement des émotions qui caractérise l'essor de la modernité et de l'individualisme à l'ère victorienne, mais également des intuitions remarquables sur la notion de modularité de l'esprit ainsi que sur les concepts cliniques de dissociation et de perturbation de la conscience de soi.
On se trompe souvent en pensant que l'histoire évoque deux êtres totalement indépendants l'un de l'autre. Au contraire, il me semble que le drame se situe dans le fait que Jekyll ne quitte jamais Hyde, et vice versa.
Vladimir Nabokov, dans sa leçon sur Jekyll et Hyde à l'Université Cornell, avait proposé un schéma simple et pertinent pour illustrer la nature des rapports entre les deux identités. Jekyll ne se « transforme » pas, à proprement parler, en Hyde, comme s'il s'agissait d'une entité étrangère. Les deux identités coexistent dès le début, et l'effet de la potion secrète développée par Jekyll, qui, rappelons-le, est chimiste, est de « précipiter », ou « sédimenter » la portion de mal qui existe en lui.
Deux sois