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La nuit avant la Marche sur Washington, qui eut lieu le 28 Août 1963, Martin Luther King demanda à ses collaborateurs quelques conseils sur le discours du lendemain. « N’utilise pas les phrases sur «Je fais un rêve», lui répondit son conseiller Wyatt Walker. «Elles sont banales, elles tournent au cliché. Vous les avez utilisé trop de fois, déjà».
King avait, en effet utilisé le refrain à de nombreuses reprises. Celui-ci avait figuré dans une adresse, à peine une semaine plus tôt, lors d’une levée de fonds à Chicago, et quelques mois avant cela, lors d’un grand rassemblement à Detroit. Comme avec la plupart de ses discours, ces deux-là avaient été bien reçus, mais n’avait pas été considérés comme exceptionnels.
Ce discours-là devait être différent. Bien que King soit désormais devenu une figure politique nationale, relativement peu de gens à l’extérieur de l’église noire et du mouvement des droits civiques l’avaient entendu prononcer un discours complet. Avec les trois réseaux de télévision offrant une couverture en direct de la Marche pour l’Emploi et la Liberté, il s’agissait de l’introduction oratoire de King devant la nation entière.
Après un large éventail de suggestions contradictoires de son équipe, King quitta le hall de l’hôtel Willard à Washington pour mettre la touche finale à un discours qui, espérait-il, serait reçu, selon ses propres termes, «comme le discours de Gettysburg». «Je vais maintenant me rendre à l’étage dans ma chambre afin de prendre conseil auprès de mon Seigneur», leur dit-il. «Je vous verrai tous demain».
A quelques étages en dessous de la suite de King, Walker s’était rendu disponible. King l’appellerait et lui dirait ce qu’il voulait dire; Walker écrirait ensuite quelque chose qui, espérait-il, fonctionnerait, puis monterait le présenter à King. «Lorsqu’il