Anas
Chez Marivaux la comédie devient une peinture de l'amour, délicate et légèrement ironique. Ce n'est ni le grand rire de la farce, ni les larmes de la comédie larmoyante, attendrissante et moralisante. C'est une analyse minutieuse et spirituelle de la subtilité, de la fantaisie et de la sincérité du jeux amoureux. L'intrigue de ses pièces est toujours basée sur "la surprise de l'amour" = la conquète des coeurs par l'amour. "J'ai guetté dans le coeur humain toutes les niches différentes où peut se cacher l'amour lorsqu'il craint de se montrer, et chacune de mes comédies a pour objet de le faire sortir d'une de ces niches... Dans mes pièces, c'est tantôt un amour ignoré des deux amants; tantôt un amour qu'ils sentent et qu'ils veulent se cacher l'un à l'autre; tantôt un amour timide qui n'ose se déclarer; tantôt enfin un amour incertain et comme indécis, un amour à demi-né, pour ainsi dire, dont ils se doutent sans en être bien sûrs et qu'ils épient au dedans d'eux-mêmes avant de lui laisser prendre l'essor."
L'obstacle à l'amour chez Marivaux, n'est pas extérieur (comme les pères de Molière) mais réside dans l'amour propre des personnages. Par suite d'un préjugé, d'un quiproquo, d'un malentendu, de déceptions antérieures, les jeunes héros ne veulent pas reconnaître qu'ils sont amoureux. Mais comme il s'agit d'un jeu, après les détours imposés par l'amour-propre, le dénouement toujours heureux est inévitablement le triomphe de l'amour. On retrouve ici l' écho des méandres de La préciosité du XVIIème. Il ne s'agit pas d'une analyse de caractères et les personnages n'ont ni vices ni passions. Ils sont exlusivement préocupés par les charmes de la tendresse et raisonnent selon la logique passionnelle. Il ne s'agit pas de comédies de moeurs mais de divertissement de salons dont il émane une poésie délicate de "fête galante" semblable à l'atmosphère des toiles de Watteau. Le marivaudage =