Chez Racine, en revanche, l’amour-passion est la source de tous les conflits, la cause de l’aliénation des personnages et le responsable de leur perte.
La structure d’Andromaque est révélatrice à cet égard : l’action, qui se déroule à la cour de Pyrrhus, roi d’Epire, met en scène Oreste, de retour de la guerre de Troie, amoureux d’Hermione qui aime Pyrrhus, lequel brûle pour sa captive Andromaque, qui ne vit que pour le souvenir de son mari Hector, incarné dans son fils Astyanax. Ainsi chaque personnage est-il prisonnier d’un amour impossible car non partagé ; soumis aux affres de la jalousie, il ne trouve d’aboutissement à son destin que dans la mort (Pyrrhus et Hermione) ou dans la folie (Oreste). Andromaque, elle, soulève le peuple d’Epire contre les Grecs : l’action politique n’est donc pas absente d’Andromaque, mais elle n’est là que comme un révélateur du conflit des sentiments.

Les élèves doivent maîtriser la différence entre monologue délibératif et monologue déploratif. Noter qu’à l’exception notable du monologue d’Oreste, qui est uniquement déploratif, les trois autres relèvent des deux types.
— Caractéristiques de la déploration : marques affectives (interrogations, exclamations), interjections, lexique de l’affectivité, répétitions (souvent anaphoriques), phrases courtes ou inachevées, rythme irrégulier ou haché des vers. — Caractéristiques de la délibération : interrogations faites à soi-même, connecteurs logiques, texte structuré en fonction de l’alternative qui s’offre au protagoniste (alternance de deux thèses : par exemple pour Cinna, punir ou être clément ; pour Titus, se marier avec Bérénice ou pas).
Tous ces monologues ont une fonction psychologique : c’est le seul moyen dont dispose le dramaturge pour faire connaître les sentiments profonds et sincères d’un personnage puisqu’au théâtre, contrai- rement au roman, aucune instance supérieure ne peut intervenir pour renseigner le spectateur. C’est pour l’auteur l’occasion de peindre certains