Argumentation directe et indirecte
Ils visent en effet à convaincre et persuader le lecteur indirectement, par un récit fictionnel arrangé, ordonné, destiné à présenter des idées, des valeurs symboliques, à travers :des personnages de fiction à la fonction référentielle et symbolique s’inscrivant dans une tradition culturelle, des situations initiatiques qui révèlent cette valeur symbolique, des dialogues qui créent des pauses dans le récit, permettent souvent de confronter différentes opinions ou de tirer des enseignements.
Dans cette argumentation indirecte, le rôle de l’implicite est souvent essentiel. L’apologue suggère souvent plus qu’il n’affirme une idée. Il recourt à la légèreté de l’allusion au détriment de la lourdeur de la démonstration. Il se cache de la censure, en les dissimulant dans des propos codés ou ironiques comme Voltaire.
Le grand mérite de cette forme d’argumentation est d’aiguiser la curiosité du lecteur, dont la complicité est requise pour deviner les intentions de l’auteur
L’utopie est définie par un monde idéal, heureux qui n’existe pas. C’est donc un récit fictionnel qui obéit à des règles précises. Son action se situe dans un lieu clos sur lui-même et isolé du monde. Cette clôture du lieu permet de mettre en scène un monde autonome qui, privé du contact avec notre monde, a développé sa propre organisation, ses propres valeurs et ses propres règles. C’est un monde simplifié qui imite le monde réel mais en réinventant ses règles de fonctionnement pour mettre en valeur ses dysfonctionnements. L’utopie présente un tableau dual : elle propose et expérimente un monde meilleur, mais dans son évocation, le lecteur perçoit aussi la critique de son propre monde. Sa fonction est donc avant tout critique. C’est Thomas More qui fonde le genre en écrivant, en 1516, Utopia. Du XVIe au XVIIIe siècle, Rabelais, Montesquieu, et