Art abstrait
Selon Michel Ragon, l'abstrait ne se définit que par son histoire. S'il est habituel de faire de Kandinsky le fondateur de la peinture abstraite (1910), on peut citer d'autres précurseurs, d'origine russe, bien moins connus en France : le lithuanien Tchurlianis (Ciurlionis), qui a initié le mouvement abstrait vers 1906-19073, ou Nathalie Gontcharova, dont Guillaume Apollinaire montrait en 1914 les œuvres peintes de 1909 à 1911, les qualifiant de « rayonnisme4 ».
Michel Seuphor donne une définition de l'art abstrait assez prudente5, citée dans l'introduction du chapitre « Origines du développement de l'art abstrait » de Michel Ragon :
« J'appelle art abstrait tout art qui ne contient aucun rappel, aucune évocation de la réalité observée, que cette réalité soit, ou ne soit pas le point de départ de l'artiste6. »
Historique[modifier]
Aux origines de l'abstraction[modifier]
Synthétisant les définitions de Ragon et Seuphor, Jean-Philippe Breuille écrit : « On peut situer son origine aux environs de 1910 lorsque Vassily Kandinsky peint une aquarelle, conservée au MNAM (Paris) où toute référence au monde extérieur est délibérément supprimée1. »
En 1908, Wilhelm Worringer avait fait paraître à Munich un ouvrage Abstraction et Einfühlung où il exprimait l'inverse de ce qu'est la notion d'Einfühlung : un état d'âme dominé par l'angoisse, qui se traduit, dans le domaine de l'art, par une tendance à l'abstraction1. L'évolution de la peinture allemande a certes préparé l'apparition de l'art abstrait. Mais ce sont les fauves qui ont donné le ton, avec le triomphe de la couleur pure, et qui ont laissé entrevoir comment les objets perdent leur apparence réelle, ce qui allait conduire ensuite au cubisme. C'est ainsi que l'indépendance de la forme a rejoint celle de la couleur dès 19107.
Seul Kandinsky resta indifférent aux recherches cubistes et ne prendra pas la tête d'un mouvement abstrait, comme le firent Malévitch pour le suprématisme ou Piet