art et culture du tatouage
Les peintures corporelles et faciales des peuples dits primitifs d ' A m é rique, d ' A u s t r a l i e ou de Polynésie suscitent en nous une vive émotion esthétique. Dans le m ê m e temps, nous ne pouvons nous défendre d ' u n e angoisse diffuse devant ce qui nous apparaît c o m m e l'étrangeté m ê m e .
Cela est plus vrai encore en ce qui concerne les tatouages « peintures indélébiles ». Il s'agit des taches ou dessins qui résultent de l'introduction volontaire dans le derme de particules colorées et insolubles qui persistent indéfiniment. L'origine du mot est océanienne, il vient de l'expression
« tatau » que les indigènes prononçaient « tatahou », dérivée de la racine
« ta » (dessin) et qui signifie : dessin inscrit dans la peau.
Il s'agit d ' u n mot piège dans la mesure où chacun de nous en a une représentation particulière. Il peut être chargé d ' i m a g e s de carnaval, de guerriers Maori, de marins ivres, de « rock-stars » et malheureusement d ' i m a g e s de l ' h o l o c a u s t e p u i s q u ' o n sait que les détenus des camps de concentration étaient tatoués d ' u n matricule. Ainsi le tatouage suscite curiosité, répulsion, excitation ou appréhension. Chacun a son idée préconçue, sa référence tirée de son expérience personnelle (V. L A U T M A N N ) .
C ' e s t le traducteur du second voyage de Cook en Océanie qui l'emploie pour la première fois en 1778. On trouve ensuite les mots tatoué et tatouage que Littré adopte dès 1858 après les travaux médico-légaux de
Tardieu en 1855.
C o m m e n t peut naître l'intérêt porté au t a t o u a g e ? A l ' â g e de 28 ans, dans l'exercice d ' u n e activité d'assistant médico-légal à la Faculté de
Médecine de Nancy, j ' a i été amené à observer et disséquer des corps nus montrant toutes les cicatrices et les stigmates de la vie marqués sur la peau.
La grande fréquence des tatouages, sur