Astérix aux jeux olympiques
On croit souvent que les Jeux olympiques rapprochent les nations dans la joie et la bonne humeur mais ce bon sentiment est aussi faux symboliquement que dans les faits. Cette compétition sportive entre pays revient après tout à une guerre simulée.
Non seulement une ou deux semaines de camaraderie entre quelques sportifs ne saurait faire figure de panacée diplomatique, mais en plus, l’on a vu au cours du vingtième siècle que les Jeux olympiques tendent fatalement à prendre une dimension politique : se demander ce qu’aurait été l’album Astérix aux Jeux olympiques (de Goscinny et Uderzo, éd. Dargaud, 1968) s’il avait été écrit après les Jeux de Mexico, laisse d’ailleurs rêveur.
Comme bien des compétitions sportives entre nations, les Jeux olympiques peuvent donc servir de défouloir aux tensions internationales et intranationales.
Dans un premier temps, des tensions surgissent entre les habitants du pays d’accueil et les étrangers qui arrivent pour les Jeux olympiques. D’autre part, les enjeux sur le plan de la gloire nationale font que les problèmes au sein même de délégations particulières—de Rome surtout—sont exacerbés. Enfin, nous verrons que les problèmes que Goscinny dépeint comme entravant la société romaine reflètent certains problèmes de la société française contemporaine et plus généralement les problèmes liés au nationalisme et à la détermination d’obtenir la victoire à tout prix, problèmes qui contribuent à la corruption de la signification véritable des J.O.
Dans Astérix aux Jeux olympiques, les Jeux sont, au lieu d’un tournoi entre de nombreuses nations, un face-à-face lourd de signification entre la Grèce et l’Empire romain.
Grecs et Romains sont présentés, comme c’est souvent le cas, comme deux pôles opposés de l’Occident antique : c’est un duel, vu et revu lors de successions entre superpuissances, qui s’alimente du complexe du supériorité des deux participants. D’un côté, la Grèce, forte