Au bohneur des dames
« Au bonheur des dames » est le onzième volume de la série « Les Rougon-Macquart », publié en 1883. Ce roman marque un tournant dans les « Rougon-Macquart »: pour la première fois, les destructions que cause la société moderne y sont, sinon exaltées ou justifiées, au moins excusées par le progrès général dont elles seraient porteuses au bout du compte. Il est entendu que le nouveau commerce inventé par Mouret ruine tous les artisans et les petits entrepreneurs qui l'entourent. Baudu s'endette et sa famille s'effondre, les fabricants cèdent à la pression des gros acheteurs que sont les grands magasins... Bourras et ses échecs sont aussi très symptomatiques: lui, l'artisan, tourne des parapluies en esthète, un à un, et ne s'engage qu'à contre-cœur dans la série industrielle et le bon marché: mais l'art devra inéluctablement céder la place à l'industrie, et l'ancien commerce lui-même se tuera d'autant plus vite qu'il voudra affronter le géant sur son propre terrain, celui des remises, de la grande quantité, de la vente à perte. Le livre de Zola pénètre en effet dans la logique des méthodes de ces grands magasins : l'usage intensif de la publicité et l'agencement des produits dans un