Autrui
Deux penchants nous poussent vers autrui: le besoin et le désir. L'homme naissant sans défenses et sans capacité de survivre de façon autonome, il est biologiquement dépendant d'autrui. Nous sommes liés à autrui par l'économie de nos besoins, la société se forme sur la division du travail qui permet une vie confortable.
Nous sommes aussi liés à autrui par le désir. Par le désir, nous élaborons une image d'autrui comme de ce qui comblerait nos attentes, qui nous permettrait le meilleur épanouissement de nous mêmes.
Mais il y a une cruelle distance entre l'autrui virtuel que nous désirons et l'autre réel que nous rencontrons. D'une part, les autres ne sont pas toujours là pour subvenir à nos besoins, et d'autre part l'autre n'est jamais tel qu'on le désire.
Une rencontre se définit par son imprévisibilité, elle est toujours une confrontation avec une personne réelle qui ne peut pas exactement correspondre avec ce que nous attendons et désirons. Autrui est, ainsi, un médiateur indispensable entre moi & moi-même. Il me fait passer d'une « conscience non-positionnelle de soi » à « une conscience réflexive ». Autrement dit il me fait accéder à une véritable conscience de moi-même. D'où la formule : « Je suis un être Pour-soi, qui n'est Pour-soi que par un autre. » Enfin si la relation à autrui est conflictuelle, c'est parce que le projet originel de tout être humain, c'est d'être cause de soi, de coïncider totalement avec lui-même, tel Dieu. Or, ce projet d'être Dieu est, comme le