Autrui
Introduction
La question « qui suis-je ? » peut sembler insolite dans la mesure où, au-delà du simple fait de décliner son identité, personne d’autre que moi n’est mieux placé pour y répondre. Cependant, si l’on me demande une réponse exacte, voire scientifique, cette évidence s’évanouit vite. Il semblerait que je n’aie pas assez de distance nécessaire pour échapper aux illusions de la conscience. Est-il alors plus facile de connaître autrui que de se connaître soi-même ? Pour répondre à cette question, il faut au préalable étudier la possibilité même de connaître un individu. Mais entre autrui et soi-même la comparaison semble faussée dans la mesure où, dans un cas un sujet en aborde un autre comme un objet vu de l’extérieur, et dans l’autre il s’agit d’une réflexion dans laquelle le sujet est en même temps objet. Mais un sujet peut-il se laisser déterminer, se laisser saisir comme un objet sans perdre son caractère principal, sa subjectivité, qui implique justement sa capacité à se déterminer librement, à être indéterminé ?
©HATIER
Autrui apparaît d’abord à travers son comportement : mais peut-on ainsi le saisir dans sa totalité ? N’est-il pas plutôt celui qui permet d’accéder à soi-même en nous renvoyant notre propre image, ou en nous reconnaissant ?
1. Le problème de la connaissance d’un individu
A. Complexité du moi empirique Le moi se dit de plusieurs façons, ce qui rend sa connaissance problématique dans la mesure où l’on peine à établir son unité : comment rendre compte de ce que je suis alors que je suis soumis au temps (vieillissement) ? comment affirmer que je suis un être à part entière, autonome et libre, alors même que je suis inscrit dans un processus historique (individuel et collectif) ? comment rendre compte de ce que je suis alors même que je peux avoir des qualités contradictoires (incohérences, folies), et que les autres me renvoient