Autrui
« Plus facile » : c’est une comparaison qui évalue la difficulté d’une tâche. Il faut s’interroger sur les modalités du rapport d’autrui à soi. Sa connaissance est-elle plus aisée ? La transition est-elle facile ? Quelles en sont les obstacles, les points de résistance ?
« Autrui » : c’est un autre moi qui n’est pas moi. Toute la difficulté est là : je le connais par différence d’avec moi ou dans son identité avec moi. L’autre a-t-il des points communs ou se reconnaît-il à des différences irréductibles ?
« Connaître » et « se connaître » : le sujet joue sur les deux sens. Connaître, c’est appréhender un objet extérieur en vue d’en décrire, d’en expliquer les propriétés. En revanche, se connaître, c’est réfléchir sur soi, se replier sur son intériorité. On voit l’abîme : une connaissance extérieure ne sera jamais une connaissance intérieure.
« Soi-même » : la fameuse « ipséité » ! La connaissance de soi n’est pas celle d’un objet qu’on appellerait moi et dans lequel on mettrait des qualités – et des défauts. Elle est celle d’un rapport à soi. Peut-être y a-t-il de la place pour un autre que moi dans cette figure réfléchie du moi ?
Analyse de la question :
La question semble nous inviter à évaluer la connaissance d’autrui par rapport à la connaissance de soi. Or, la comparaison est faussée : on ne peut comparer une connaissance intérieure de soi et une connaissance extérieure. Dans l’éventuelle réflexion sur soi, je suis sujet et objet. Autrui n’est qu’objet : je ne peux avoir accès à sa subjectivité. Elle présuppose d’entrée de jeu l’idée selon laquelle la connaissance de soi est d’emblée une plongée dans les profondeurs de l’intériorité. Se connaître soi-même est ce qu’il y a de moins évident du fait de l’ampleur de la tâche. Comment résumer une vie dans un minuscule moi ? Alors qu’autrui semble être l’objet d’une connaissance simple : il est là, il