Avantages de l'immigration
Exemple 1.
TEXTE
La ferveur, qu'elle soit d'ordre amoureux, religieux, poétique, semble être un état affectif troublant, et en même temps positif : le fervent est-il donc possédé, ou garde-t-il la " tête froide " ? Poser la question de la ferveur en philosophie revient sans doute à poser en même temps la question de la philosophie elle-même. Celle-ci n'est-elle pas une appréciation de la réalité portée par une pensée aussi objective et impartiale que possible, sans emportement ni passion excessive ? Ce regard froidement lucide, cette sagesse mesurée pourraient définir la philosophie occidentale dont on attribue traditionnellement la naissance à une exigence de rationalité, au-delà des opinions irréfléchies et des sentiments spontanés qui égarent le jugement. Dès lors, comment la ferveur pourrait-elle avoir une valeur pour cette connaissance objective ? La ferveur semble en effet être un emportement irréfléchi, qui n'est pas de l'ordre de la rationalité, mais du sentiment passionné. Elle désigne selon l'étymologie (fervere, bouillir), un échauffement et une effervescence, c'est-à-dire un enthousiasme qui envahit nos sentiments, nos actes, ou nos pensées. Or si nos pensées et nos sentiments se mettent à bouillir, ils ne peuvent plus conserver leur calme plat et leur froideur objective : le fervent est impétueusement emporté (en des chevauchées parfois lyriques) à cause de ce qui le brûle, transporté comme par un torrent d'énergie irrépressible, et exalté au-delà de son état ordinaire. Faut-il pourtant en déduire que la ferveur dépossède nécessairement l'homme de lui-même, et qu'elle appartient davantage à la religion, à la poésie, ou au sentiment, qu'à la pensée maîtresse d'elle-même ? Pour bien comprendre ce que signifie la notion de ferveur, il nous faut dépasser en fait son étymologie, qui ne nous en donne qu'une image figurée : certes, quand la ferveur nous atteint, nous sentons parfois notre sang circuler, notre c ur battre et une