Avis sur le programme de ses en première
« En effet, la pratique du sociologue aujourd’hui consiste dans beaucoup de cas à étudier non pas la société dans son ensemble mais des groupes sociaux, qu’ils soient institutionnalisés ou non : on peut s’intéresser au fonctionnement d’une maison de retraite, à un groupe de supporters ou d’alcooliques anonymes, à des sous-populations comme des caissières de supermarché, des traders, des gardiens de prisons ou des spectateurs de théâtre contemporain, à des quartiers en forme de ghettos ou à l’aristocratie des beaux quartiers.
Ce qu’ont en commun ces études, c’est la méthode pour les aborder qui passe par l’immersion, l’écoute tout azimut sans théorie préalable, la description précise sans catégorisation de départ, un journal d’observation, des entretiens informels largement nécessaires avant d’envisager des formulaires plus formalisés. Dans cette manière d’aborder des personnes, l’observateur doit prendre conscience de sa propre place, cerner les enjeux de la situation, repérer les types, les abstraire en types idéaux, formuler des théories à moyenne portée adaptées à des situations particulières et ne pas chercher à plaquer des théories générales. Selon les cas on peut aussi faire de la réexploitation de grosses enquêtes déjà existantes et accessibles comme l’enquête ESS (European social survey) et il existe aussi des logiciels libres pour les traiter.
On ne trouve pas ce genre de choses dans les programmes car les groupes (comme la famille) ne sont pas étudiés en eux-mêmes mais comme instances de socialisation. Ce qui est d’abord étudié c’est la structure sociale, la stratification sociale, la dynamique des inégalités, les classes sociales et les rapports sociaux, les rôles, les statuts sociaux.
On voit bien pourquoi il en est ainsi : l’étude de la population active, de la classification socioprofessionnelle, de la consommation et des modes de vie sont des