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En quoi « D’où venons-nous ? Que sommes-nous ? Où allons-nous ? » est-il une synthèse des influences qui ont marqué l’œuvre de Paul Gauguin ?
En 1897, six ans avant sa mort, Paul Gauguin peint son plus grand et plus célèbre tableau : « D’où venons-nous ? Que sommes-nous ? Où allons-nous ? ». Cette fresque aux dimensions impressionnantes (1,39 x 3,74) est la conclusion d’une série de frises édéniques et le testament pictural d’un homme torturé. « Alors j’ai voulu avant de mourir peindre une grande toile que j’avais en tête, et durant tout le mois j’ai travaillé jour et nuit dans une fièvre inouïe. ». En ces termes, Gauguin décrit la réalisation de sa toile à son ami Daniel de Monfreid ; le mot « fièvre » en ressort comme étant la métaphore de la vie intérieure du peintre : frénésie créatrice, frénésie dans la découverte de nouveaux continents, frénésie d’apprentissage et d’évolution. Tout au long de son existence, il a assimilé des influences tirées de son étude de l’activité spirituelle et artistique des peuplades primitives du monde entier. Il est ainsi devenu le père d’un mouvement particulier : le Primitivisme, qui a une influence considérable sur le devenir de la peinture au court du XXème siècle. L’œuvre étudié ici est sans doute le condensé esthétique d’une vie d’artiste tiraillé entre plusieurs cultures. Nous allons le voir par l’analyse des grands thèmes du tableau.
I - Le spirituel : Habité par la foi, Gauguin a mis dans la majorité de ses œuvres un signe du divin. Mais face aux problèmes intérieurs que lui pose la religion, son Dieu est polymorphe : inspiré par la religion catholique (« La lutte de Jacob avec l’ange », « le Christ jaune », « Ia orana Maria »), par la religion polythéiste des îles (sculpture : « L’idole à la coquille » ; peinture : « Parau na te varua ino »), mais aussi par les religions orientales. Dans « D’où venons-nous ? Que sommes-nous ? Où allons-nous ? » la représentation divine est placée dans