Aïda
Lorsque mes parents se sont séparés l'an dernier, mon monde s'est écroulé. Je devais quitter mon quartier et mes amis; je devais dire adieu à mes vieilles connaissances. L'effervescence de la ville était mienne. Le bruit et la pollution faisaient partie de mon quotidien. Moi qui étais habitué à sortir en boîte, à déambuler dans les rues de Sainte-Catherine, à risquer de me faire poignarder au prochain coin de rue, à perdre mon temps dans les arcades et à passer des après-midis complets à faire du lèche-vitrine avec mes copains, désormais, un week-end sur deux, je devais le passer chez mon père, dans un trou perdu de la campagne, au milieu des prairies, des fleurs et du blé…
Mais mon pire cauchemar allait commencer.
La première fois que j'en ai vu une, j'ai paniqué. J'étais dans la salle de bains quand c'est arrivé. Je ne savais pas trop comment réagir avec elles. Je n'en avais jamais vu d'aussi près avant... enfin, je veux dire, en vrai. Alors, quand j'ai été pris avec elle, la toute première, j'ai figé. Mais comme elle menaçait ma vie, il fallait que je la tue.
Je savais qu'elle était bien plus petite que moi et qu'elle ne me voulait pas nécessairement du mal, mais c'était plus fort que moi : justement, parce qu'elles sont minuscules, on ne sait pas où elles se faufilent et ce qu'elles vont vous faire. C'était pourquoi je n'avais jamais eu peur des chevaux. C'était le petit qui faisait peur. Elles, elles peuvent être partout. On sait jamais, peut-être sucent-elles le sang.
La première fois que j'en ai tuée une, j'ai connu une jouissance sans pareil : aplatie, comme un filet tentacule, pas plus épais qu'une feuille. Et le sang qui coulait sur mes doigts. Ça goûtait bon. C'était jouissif. Elle avait été très grosse. J'en frémis encore. Même morte, elles étaient encore effrayantes, encore plus épouvantables même.
Mais très vite, la deuxième est arrivée. Et la troisième, et la quatrième… il y en avait partout. Tout le temps. J'appréhendais les venues chez