Baudelaire l'albatros (et autres)
Dernières précisions sur le groupement de textes : y résonnent un certain nombre de thèmes : - allégories du poète : parce qu’il se représente toujours sous forme d’images, dont il faut déchiffrer la signification - thème du miroir : bien sûr, parce que se définir par des images revient à se reconnaître dans des choses extérieures à soi, donc à les considérer comme un miroir. Ce miroir, le génie de Baudelaire a su le suggérer sans le dire dans ses poèmes : dans l’Albatros, par la comparaison finale « le poète est semblable » ; dans le Cygne, par les résonnances autobiographiques des « orphelins séchant comme des fleurs » et par la métaphore du manque d’eau, qui est celle du passé, concernant à la fois le poète regrettant le « vert paradis des amours enfantines », et l’humanité abandonnée de Dieu (Ovide) ; noter aussi qu’Andromaque se regarde dans un fleuve « pauvre et triste miroir », comme si son image réfléchie la faisait réfléchir à sa vie ; noter aussi qu’entre la partie I et la partie II, il y a le temps de la réflexion, puisque Baudelaire finit par découvrir le fonctionnement de sa mémoire ; comme si se regarder dans un miroir, réflexion de son image, nous conduisait toujours au temps de la réflexion sur son existence… ; dans le Mauvais moine, on a un miroir entre les strophes 1,2 et les strophes 3,4, matérialisé par un tiret ; enfin, le thème revient, très clairement, dans l’Héautontimorouménos : « Je suis le sinistre miroir, où la mégère se regarde ». C’est là le plus fort : le miroir ne lui est plus fourni par les circonstances extérieures (un Cygne, un tableau, un albatros…), mais ce miroir, il le porte en lui-même : quoiqu’il fasse, il y a toujours en lui une petite voix pour lui dire quelque chose comme : « tu t’es vu quand tu as écrit ? » Conscience doublement réflexive, formidable mise en abyme : il se reconnaît, comme dans un miroir, non pas dans un objet quelconque, mais dans un miroir, justement ; quand