les vritables enseignements de lexprience new-yorkaise Laurent MUCCHIELLI (article paru dans Hommes Liberts, 2002, n120, p. 38-40) Zero tolerance, le slogan new-yorkais a fait mouche ces dernires annes. En France, il est arriv tardivement, dans le contexte lectoral des annes 2001-2002. Certes, la rfrence aux tats-Unis suscite toujours lambivalence en France. Nul ne sest donc risqu lutiliser de faon trop directe. Pourtant, tout en sen dmarquant plus ou moins nettement, la plupart des responsables politiques franais, lexception des cologistes et de lextrme gauche, ont repris leur compte le vocable de tolrance zro pour signifier lopinion publique dune part quils entendaient apporter des rponses la dlinquance et aux incivilits, dautre part quils entendaient amliorer lefficacit du systme pnal pour rduire limpunit dont bnficieraient nombre dauteurs dactes de dlinquance. Cest bien une tolrance zro la franaise qui sest peu peu dgage dans le dbat politique (Le Monde, 4 dcembre 2001). Et il est manifeste que le nouveau ministre de lIntrieur sinspire largement de cette doctrine. Cest pourquoi il nest pas inutile de faire le point sur ce qua t rellement lexprience new-yorkaise et de se demander en particulier sil sagit dune politique efficace de rduction de la dlinquance. La ralit est singulirement plus complexe. Un nouveau management policier Lhistoire de la tolrance zro commence avec lexprience de scurisation du mtro de New-York par un policier aux mthodes innovantes (Willam Bratton), durant la premire moiti des annes 1990. Il sagit de donner pour mission la police de ne pas se contenter de courir aprs les dlinquants signals mais dtre beaucoup plus prsente sur le terrain afin darrter plus systmatiquement les fraudeurs, les drogus, les taggueurs et les mendiants, dont on prsume que certains sont aussi des dlinquants au moins occasionnels. En traquant tous les gibiers, on espre attraper aussi bien les petits que les gros. Fort de ses rsultats dans le mtro (une forte