Bergson l'obligation morale
Mais la morale se présente aussi sous un autre visage. C'est celui de l'imitation de personnes, perçues comme des modèles où s'incarnent de multiples valeurs. Ces valeurs nouées au fond d'une individualité admirée agissent, non plus comme la pression des obligations impersonnelles mais comme un appel et une invitation toute particulière. Par-delà des exigences sociales, l'individu accède à une morale de l'attrait et de l'aspiration. Il retrouve son "moi profond" et l'élan créateur qui le traverse. Son devenir humain s'effectue alors sous le signe de la morale ouverte.
La justice, selon qu'elle est vécue dans l'une ou l'autre perspective, est fort différente. Dans la morale close, elle affirme surtout les idées d'égalité et de mesure sur lesquelles elle se fonde finalement. Elle tendra à appliquer aux relations entre personnes ainsi qu'aux rapports entre gouvernement et gouvernés, l'égalité stricte qui s'impose dans les échanges d'objets. À la limite, elle exigera un dommage équivalent à celui qu'on aura pu causer: oeil pour oeil, dent pour dent, mort pour mort. La société mesurera la peine à infliger sur la gravité de l'offense. La justice (de la société) mesure, égalise, proportionne. Elle se reconnaît dans le symbole de la balance.
Cette forme close de la justice exprime essentiellement la pression de la société sur l'individu et, comme l'affirme Bergson, demeure