Bilinguisme, exolinguisme et acquisition
Dans ce texte, le linguiste Bernard Py s'attache à montrer l'intérêt d'une complémentarité entre les situations bilingues et les situations d'acquisitions. Il évoque plus particulièrement le rôle que peut jouer la langue première d'un apprenant dans l'acquisition d'une deuxième langue, surtout au cours d'une communication exolingue. L'auteur explique tout d'abord pourquoi, pendant longtemps, les cognitivistes et les sociolinguistes ont évacué toute complémentarité entre le bilinguisme et l'acquisition. Ils ne voyaient pas en quoi une situation bilingue pouvait posséder les traits d'une situation d'acquisition. Ces linguistes considéraient ces deux situations comme totalement indépendantes, correspondant à des processus linguistiques bien distincts. Cependant, Py s'éloigne de ces conceptions en s'appuyant sur l'étude des aspects langagiers des migrations inter- et intranationales. L'auteur évoque le fait qu'un migrant peut être tout à la fois un locuteur en situation d'apprentissage et un locuteur bilingue. Il est apprenant dans sa volonté plus ou moins forte (déterminée par un certain contexte socio-culturel) d'appropriation de la langue du pays d'accueil. Il est également bilingue puisque, par son statut même de migrant, il est le témoin et l'acteur d'une interaction quotidienne entre sa langue d'accueil et sa langue d'origine. A partir de ces situations migratoires, l'auteur pose différentes thèses (soutenues notamment par les linguistes Grosjean, Lüdi, Poplack et Py lui-même) concernant certaines caractéristiques propres à ces situations particulières, où la communication est très souvent exolingue: – Pour communiquer, le locuteur-migrant n'a pas besoin d'une connaissance parfaite de la langue du pays d'accueil. – Les locuteurs en situation de migration possèdent un répertoire linguistique global, dans le sens où ce répertoire regroupe à la fois leurs connaissances de la langue