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Les guerres du XXe siècle ont exercé une influence notoire sur la littérature : de nombreux écrivains ont dénoncé l'horreur de la guerre. Ainsi, en 1935, Giraudoux, soldat lui-même en 1914-1918 et conscient qu'une nouvelle guerre se prépare, reprend la légende de la guerre de Troie dans sa pièce La guerre de Troie n'aura pas lieu. Il y met en scène Hector, un ancien combattant qui a vécu l'horreur de la guerre. Dans la scène 5 de l'acte II, le fils de Priam prononce avec réticence le traditionnel discours aux morts, en se pliant apparemment aux exigences du genre. En réalité le discours d'Hector est un anti-discours, parodie vigoureuse et poétique contre la guerre.
I. La tradition du discours funèbre dramatique et lyrique
Hector semble composer un discours traditionnel - l'hommage rendu aux disparus après chaque guerre - mais il parvient, par sa sincérité, à créer l'émotion.
La tendresse et la mélancolie des apostrophes aux morts suscitent la pitié et l'émotion du spectateur pour les victimes : « pauvres amis », « vous absents, vous oubliés »...
Le ton rappelle les épopées (l'Iliade) ou les tragiques grecs (Eschyle) par un ton solennel et dramatique « à l'antique » : les apostrophes oratoires : « Ô vous qui ne nous entendez pas... », « Ô vous qui ne sentez pas » ; l'impératif dramatique, presque religieux, pour interpeller et implorer les morts (« Respirez cet encens... »), qui crée une tonalité sacrée ; de nombreux termes négatifs (« sans être... sans repos... », « oubliés ») qui dramatisent l'instant.
Hector suit les règles du genre oratoire, notamment dans la structure très « classique » du discours : il garde un équilibre entre les deux parties presque symétriques de sa tirade, placées sous le signe de l'invocation et de l'imploration ; il recourt à de longues périodes au rythme travaillé, éloquent et lyrique.
Transition : On reconnaît Hector tel qu'il apparaît dans l'Iliade et on comprend pourquoi Giraudoux l'a choisi pour exprimer ses