Bleu de chanel : analyse d'un film publicitaire
Le petit scénario de la passion, sur lequel joue, à première vue, le film évite le pathos ou la mièvrerie d’une hésitation entre les deux femmes et permet d’afficher le caractère bien trempé d’un homme qui, avec fermeté et un soupçon de dureté, est entièrement tourné vers l’affirmation (de soi).
Pas d’indécision donc : le scénario de la rupture, qui ne ressemble à aucun scénario connu, est littéralement débordé par l’histoire de la séduction : ouverte et en devenir. Une liaison prend fin, sans paroles, alors que la rencontre donne lieu à une succession de moments intenses.
Chaque femme correspond à un monde, ainsi qu’à un type différent de relations. Et c’est le traitement différencié des images liées à chacune, qui donne son rythme et son style au film. Enchâssée entre des images très brèves, rapides, saccadées qui font apparaître les moments de rencontre avec la jeune femme blonde, comme autant de flashs percutants, la scène de la séparation est tournée dans un décor unique. Il s’agit d’un face à face, devant les restes d’un petit déjeuner. Regard, distance, tentative de rapprochement… Mais, quand l’acteur s’approche du visage (en un très beau mouvement de caméra doublé d’un quasi renversement de l’axe de la prise de vue) ce n’est plus ce visage qu’il voit, mais des images souvenirs de la femme blonde. Avec virtuosité, Scorsese nous fait passer de la situation actuelle aux images mentales et virtuelles du « héros » (le virtuel ne s’oppose pas au réel) qui sont autant de flashback discontinus.