Bon Sauvage
Lorsqu’il part pour Tahiti, Gauguin est en quête d’un profond renouveau existentiel. Il est, comme beaucoup d’artistes de son époque, désabusé par le monde qui s’industrialise de plus en plus et semble perdre ses repères. En atteignant la Polynésie, il espère retrouver une terre encore épargnée par l’Homme et tous les systèmes qu’il a mis en place dans le monde qu’on dit alors « civilisé ».
Il met au premier plan un chien et deux jeunes femmes assises, entourés de végétation. A l’arrière-plan, il peint une seconde scène qui représente un groupe de trois personnages féminins rassemblés dans une sorte de procession face à une divinité totem géante.
Gauguin exprime dans cette toile l’harmonie qu’il perçoit lors de son séjour. La nature, autant végétale qu’animale, coexiste en paix avec ces jeunes femmes qui sont à moitié nues. Le groupe de l’arrière-plan nous montre une population encore attachée à ses traditions spirituelles. La procession qu’elles effectuent est le symbole de cette « joyeuseté » au même titre que la jeune femme qui joue de la flûte au premier plan.
Le tableau semble se découper en bandes de couleurs horizontales superposées les unes sur les autres, niant toute recherche de perspective et de profondeur. Les formes, quant à elles, sont bien souvent simplifiées, et il est effectivement difficile de déterminer ce que chaque zone colorée représente. Les corps sont massifs et font écho avec la statue divine de l’arrière-plan.
Le mythe du bon sauvage est l'idéalisation des hommes vivant et plongeant au contact de la nature. L’idée que « le bon sauvage » vit dans un paradis sur terre avant le péché originel (d’où la relation avec la procession faite par les 3 femmes) qui s’est développée au xviiie siècle.