Diderot, Supplément au Voyage de Bougainville, Les adieux du vieillard,1772.

A) Le refus de l'autorité du veilliard Contrairement au personnage mis à l'écart qu'était le vieillard dans le récit de Bougainville, Diderot lui donne volontairement un rôle majeur. Ses propos, soutenus par un registre polémique, sont un réquisitoire* contre le colonialisme : le vieillard fait le procès de Bougainvaille. On peut remarquer que le champ lexical de la violence et de la haine progressant par gradation souligne la violence des Européens face aux Tahïtiens : « tu es venu allumer en elles des fureurs inconnues », « elles sont devenues folles » « tu es devenu féroce ». Celle-ci montre un évident manque de respect : «Et toi, chef des brigands ». Ces derniers sont décrits comme étant des voleurs de terre qui profitent d'être « les plus forts » pour s'emparer des biens et des territoires qu'ils prétendent civiliser. B) La colonisation = vol Le vieillard utilisent des périphrases, en plus de l'apostrophe à la deuxième personne, pour comparer la colonisation à un vol : « tu as enfoui dans notre terre le titre de notre futur esclavage », « tu as projeté dans le fond de ton cœur le vol de toute une contrée ». La phrase à valeur conditionnelle « Si un Tahitien débarquait un jour sur vos côtes, et qu'il gravât sur une de vos pierres ou sur l'écorce d'un de vos arbres : Ce pays appartient aux habitants de Tahiti, qu'en penserais-tu ? » permet de réaliser à quel point toute colonisation a un caractère illégitime, en effet, les colons se permettent de s’approprier une terre au nom de leur soi-disant supériorité. Ces accusations sont efficaces aussi par leur construction en parallélismes qui opposent le mode de vie des Tahitien aux actions néfastes des Européens. A chaque fois, il évoque d'abord le bonheur de la société tahitienne, dont le pronom « nous… » souligne l'union, l'accueil pacifique et généreux qu'ils ont fait aux Européens,