C’était au temps des mammouths laineux, que vous paraît-ils
Mémoires d’un âne et Croc-Blanc furent mes premiers livres, avec Un bon petit diable. Nous étions tous, d’ailleurs, des bons petits diables. Dans la ruelle, nous avons fait des pièces de théâtre, costumes, scènes, apprentissage de texte, petite bande de comédiens qui peinaient pendant deux semaines pour donner un spectacle qui ne valait rien du tout, un pirate, une fanfreluche, un clown triste… Avec mon vélo, je faisais de fausses livraisons, oui, je livrais de faux paquets à l’autre bout du quartier, en rédigeant de fausses factures. Je jouais, mes enfants, je jouais au livreur, au chauffeur, au camionneur. J’allais loin, jusqu’aux champs en bordure de la ville, j’apprenais la longue distance, la solitude, et mes mollets étaient en …afficher plus de contenu…
On regardait les carouges à épaulettes, dont le cri annonçait la fin de l’école, le début des jours de liberté le long de la track, à l’ombre des wagons de charbon, là où poussaient les chardons, les «craquias», les herbes hautes et les herbes piquantes. D’ailleurs, c’étaient nous, ces herbes sauvages des recoins de ville, nous poussions comme de la mauvaise herbe en bordure des routes, comme les quenouilles brunes ou les asclépiades, remarquables anonymes des jardins oubliés.Peut-on imaginer un monde sans glissades d’eau, sans piscines à vagues, sans fêtes d’enfants, sans montagnes de cadeaux, sans semaines de relâche, sans télés à écran plasma, sans cinémas maison, sans manettes, sans touche delete, sans cut and paste, sans Facebook, sans Twitter, sans Wikipedia, sans tout ce savoir et ces facilités auxquels nos enfants sont exposés à la vitesse de la lumière, ce qui les rend, paraît-il, si