caca est-il tabou? slatestory caca-tabou
Elle possède une multitude de noms. Mais qu'on l'appelle étron, caca, purée, boudin, courante, mélange, bréneux, foirade, cigare, pêche, épreinte ou rondin, elle reste aujourd'hui un véritable tabou, un interdit social qui provoque le dégoût. Elle pue et est conspuée en retour.
Pourtant, c'est un sujet de préoccupation quotidien et universel. «Les rois, les philosophes fientent, et les dames aussi», disait Montaigne. «Partout où ça sent la merde, ça sent l'être», ajoutait Antonin Artaud, qui s'y connaissait. Tout le monde est concerné. Pour certains, c'est un enjeu conjugal. Pour d'autres, un métier: en France, d'après les estimations de Martin Monestier, auteur d'Histoire et bizarreries sociales des excréments, environ un demi-million de personnes travaillent directement ou indirectement à des activités qui touchent à l'excrémentiel.
En dépit de l'omerta qui l'entoure, notre caca a une actualité très riche. Dans certains pays en développement, sa gestion constitue un problème sanitaire de premier ordre. Nous ne sommes pas tous égaux face à la question, comme l'attestent ces cartes basées sur des chiffres de l'OMS et de l'Unicef: dans le monde, 2,6 milliards de personnes vivent sans toilettes dites «améliorées», c'est-à-dire salubres. Les conséquences en terme d'hygiène et de santé publique sont considérables.
Si bien que des moyens parfois insolites sont inventés pour lutter contre le problème: la designer Noa Lerner a ainsi créé des toilettes portables permettant de transporter ses déjections jusqu'à un centre de collecte qui se chargera de les recycler (voir les photos ici).
Voilà longtemps que les matières fécales sont utilisées comme