Camus
Les rencontres avec l'auteur des Possédés sont nombreuses dans l'oeuvre de Camus. Jean Grenier a fait remarquer que lorsque Dostoïevski parle de "conscience", il entend une situation analogue à celle dans laquelle se trouvera Meursault, le héros de L'étranger : "la conscience d'une puissance totale de l'homme à l'intérieur d'un monde aveugle, disons absurde".
L'adaptation, si elle avait été jouée intégralement, aurait fait cinq heures de spectacle. Camus la ramena à 23 personnages, et sept tableaux. La continuité est assurée par la présence d'un personnage, Anton Grigoreiev, qui est en même temps narrateur. Mais le rôle de ce narrateur "courtois, ironique et impassible" ne se borne pas à nous permettre ne pas perdre le fil de l'histoire. Emporté par le tourbillon des événements qui se précipitent, dans le roman, le narrateur donne l'étrange spectacle d'un chroniqueur incapable de dominer le temps. "Quel dommage qu'il faille mener le récit au galop et qu'on n'ait pas le temps de décrire! s'écrie-t-il (à moins que ce ne soit Dostoïevski lui-même qui, à ce moment, lui ait confisqué la plume pour faire cette réflexion).
La pièce, créée le 30 janvier 1959, tint l'affiche jusqu'en