Candide , le nègre de surinam
Candide Voltaire
INTRODUCTION
Après avoir erré et ayant été confrontés aux différentes formes de mal qui existent sur la terre, Candide et son valet Cacambo parviennent jusqu’à la cité idéale d’Eldorado. Mais cet univers est fermé sur lui-même, hors du réel : les aventuriers le quittent donc. Aussitôt après, ils reviennent brutalement à la réalité en rencontrant à Surinam un homme gravement mutilé qui leur expose le sort misérable réservé aux esclaves. Dans ce passage très célèbre, on a l’impression que Voltaire s’efface ; mais son ironie va lui servir d’arme efficace pour dénoncer cette situation insupportable.
Problématique : Comment cette rencontre avec l’esclave va-t-elle permettre à Voltaire de critiquer plusieurs systèmes ?
I LA RENCONTRE AVEC L’ESCLAVE
1°) Un constat objectif /distancié (= mis à distance)
- L’esclave n’est pas présenté comme une personne humaine : le narrateur reste dans une sorte d’objectivité, de neutralité, de distance :
*position du nègre : « étendu par terre » = un objet qui s’offre aux regards
*le narrateur commence par décrire les vêtements, alors qu’il devrait d’abord commencer par le corps du nègre, puisque celui est mutilé :
L 2 « un nègre n’ayant plus que la moitié de son habit »
L 3 « il manquait à ce pauvre homme la jambe gauche et la main droite » ( donc le narrateur commence d’abord par décrire les vêtements avant de décrire les blessures. Le narrateur semble donc décrire le nègre de façon « objective » car il n’accorde par la priorité aux blessures.
*la tournure impersonnelle l 3 « il manquait à ce pauvre homme » semble effacer la cause de l’emputation et les sentiments, les souffrances.
*expression l 7 « c’est l’usage » : référence discrète au Code noir de façon neutre, sans contestation.
*le pronom indéfini « on » dans le discours de l’esclave l 6, 9, 10... donne l’impression d’une objectivité, la responsabilité semble effacée.
*une démonstration lignes 8 à 11 :