Capturer protee: le besoin de metamorphose de romain gary
CAPTURER PROTEE: LE BESOIN DE METAMORPHOSE DE ROMAIN GARY
Tout livre écrit par Romain Gary est un message chiffré, et sa biographie n'est pas une exception. Mais ce message est d'une valeur particulière, car même corrompue avec des faits imaginaires, même écrite dans le désir de plaire, cette œuvre représente, à mon avis, la seule source dont on peut extraire la clef de son identité, le secret de ses métamorphoses successives. Ce secret n'est pas d'avoir été aimé trop par sa mère dans son enfance, comme l'auteur aimerait nous faire croire et peut-être croire lui-même; au contraire, c'est de ne pas avoir être aimé assez, de quoi il a résulté une série entière des complexes, malentendus, efforts mal directionnés qui lui ont définie la vie.
Cette thèse paraîtrait ridicule à la lumière des dizaines des sacrifices innombrables, décrites avec luxe de détails dans l'autobiographie de Gary, que sa mère a été obligée à faire pour lui donner une chance de se «réaliser». Mais tous ces sacrifices, étaient-ils vraiment le résultat d'un amour maternel véritable, total, inconditionnel? Etait-il aimé, Romain, pour son être authentique ou pour ce qu'il allait devenir? Nina, la mère, aimait-elle son fils plus que ses rêves de son fils? Regardons le texte.
Nina était la «fille d'un horloger juif » en Russie, qui «avait quitté sa famille à l'âge de
seize ans» pour se marier, divorcer, se remarier, re-divorcer, pendant qu'elle menait une vie d'«artiste dramatique» qui n'avait pas pu développer son talent. 1 Elle était « pénétrée des légendes et préjugés bourgeoises » et devint plus tard hystérique, toujours sous l'impression d'être persécutée 2 . Habituée à mentir et à manipuler (en ayant du appeler à ces talents pour gagner son existence), elle montre une «incompréhension lucide de sa condition » quand elle est confrontée avec des preuves de sa malhonnêteté 3 .
J'avance ici l'hypothèse que Romain représente pour Nina beaucoup plus qu'un fils;