Celine « l’arrivée à new york »
Introduction
* Le roman de Louis-Ferdinand CELINE (1894-1961), Voyage au bout de la nuit met en scène un personnage commun, Ferdinand Bardamu, aux prises avec les grandes questions de son époque : la guerre de 1914-1918 dans laquelle il s’engage, et dont il découvre les horreurs, le colonialisme, le modernisme, le progrès. * De malheur en déchéance, le héros malmené par les événements, découvre le monde et le fait découvrir aux lecteurs, avec une ironie et un cynisme grinçants. Le roman est écrit à la première personne, dans une langue volontairement crue et familière. * Après l’expérience de la guerre et celle des colonies, l’épopée de Bardamu continue. Volé par son prédécesseur au comptoir, tombé malade dans sa case délabrée, à demi inconscient, il est vendu comme galérien sur un bateau en partance pour l’Amérique. Il débarque à New York après une rude traversée et va se trouver confronté au Nouveau Monde qu’il aborde par hasard. Cet épisode se trouvait déjà dans la pièce de théâtre L’Eglise à la source du roman Voyage au bout de la nuit. Mais dans le roman, il prend un caractère à la fois conventionnel et parodique. * Banal, il l’est par sa situation, mais c’est la truculence de l’expression, ainsi que le point de vue qui donnent au passage un tour burlesque.
Lecture
Pour une surprise, c'en fut une. À travers la brume, c’était tellement étonnant ce qu'on découvrait soudain que nous nous refusâmes d'abord à y croire et puis tout de même quand nous fûmes en plein devant les choses, tout galérien qu'on était (1) on s'est mis à bien rigoler, en voyant ça, droit devant nous... Figurez-vous qu’elle était debout leur ville, absolument droite. New York c'est une ville debout. On en avait déjà vu nous des villes bien sûr, et des belles encore, et des ports et des fameux (2) mêmes. Mais chez nous, n'est-ce pas, elles sont couchées les villes, au bord de la mer ou sur les fleuves, elles