Celui qui fait ce qui lui plait n'est pas libre
Malek et Marie prennent place à la même table, boivent elle un thé vert, lui un cognac, bavardent un peu. Jusqu'au moment où Malek sent le danger, le flaire littéralement comme ces animaux sauvages qu'il a pour profession d'étudier. C'est alors que la terre tremble, que Malek a juste le temps d'entraîner Marie sous l'abri robuste de la lourde table formée d'épaisses dalles de schiste. Et puis, comme dans la chanson de Nougaro : «C'était passé, j'y comprends rien ; y avait une ville, et y a plus rien...»
Y avait une grotte, et y a plus rien...
Malek et Marie sont les uniques survivants de ce tremblement de terre provoqué, nous l'apprendrons bientôt, par une explosion nucléaire, quelque part à l'est. Guerre ? Accident ? Adamek ne répond pas. Peu importe la cause, quand l'effet est épouvantable.
Un peu partout, en Belgique et dans le nord de la France, d'autres Marie, d'autres Malek ont échappé au désastre. Par chance. Ou par malchance ? Combien de temps survivront-ils dans cet univers irradié où l'on ne peut survivre qu'à l'aide de boîtes de conserves, où la nourriture fraîche est devenue poison ?
D'un peu partout, ils sortent de leurs trous, les survivants, qui se dirigent, instinctivement ou par calcul, vers l'endroit où ils espèrent pouvoir retrouver des conditions de vie meilleure, reconstruire quelque chose comme une humanité. Vers la mer où naquit la vie, très longtemps avant. Vers la Normandie.
C'est vers la mer que convergeront les chemins de Méduse, la femme soldat, de Mi et Fa, les inquiétantes plongeuses, de Laury et Colasse les hommes ordinaires, des «gros» qui furent protégés par leur graisse, de Lilla la brune et d'Héloïse la blonde, de la petite Tinou et du