Chapitre iv, livre i du contrat social, rousseau
Partie 1 : § 1 à 6 : l’abdication de la liberté ne peut être l’objet d’une convention
Si le droit ne peut être fondé sur la nature, c’est sur la convention = comme le fruit d’un accord entre les volontés que l’on doit le fonder. Ne sera dit juste, ne sera de droit, que ce qui est le produit d’un tel accord (consentement bilatéral). Mais quelles en sont les conditions? Car c’est sur une telle convention, un tel accord passé entre parties que certains théoriciens (Grotius) entendent justifier la soumission du maître à l’esclave et du roi au peuple : s’il y a eu contrat consenti par les deux parties, n’y a-t-il pas alors justice ? Rousseau va démonter leur argumentation : il ne s’agit pas d’un véritable contrat. Quelles sont les conditions d’un véritable contrat ? Un contrat est un échange qui suppose l’intérêt réciproque et l’acquiescement volontaire à ses conditions (cf. contrat d’assurance : échange volontaire fondé sur l’intérêt réciproque d’une somme d’argent contre un service). Dire comme Grotius que le peuple comme l’esclave échange sa liberté contre la nourriture que lui fournit le maître ou le roi est absurde puisque c’est lui qui la produite (de plus, de fait, les rois n’ont cure de la nourriture du peuple : il s’agit de faire la guerre et donc de le ponctionner par les impôts) : il n’y a donc pas d’échange (unilatéral et non réciproque), on ne peut donc vouloir être esclave.
Reste un second type d’échange (§3) : le peuple échangerait sa liberté contre la sécurité. Or cet échange là a toutes les apparences de la rationalité : le peuple obtient bien quelque chose qu’il n’avait pas auparavant et à quoi il a intérêt (la sécurité, l’ordre public), le Roi – s’il doit respecter les termes du contrat – doit limiter sa puissance en ne contrevenant pas à la sécurité du peuple. Pour la sécurité, l’ordre public, il faut apparemment que l’on renonce à la liberté : le droit de tout faire (privé) mais aussi à la liberté politique de