Chère amie
Te souviens-tu de nos années passées ensemble et de notre amitié si forte qui me fait encore t'écrire aujourd'hui, après quarante années où tu partis à l'autre bout du monde, sans moi ? Te souviens-tu également de cette injuste raison qui te mena là-bas ; des principes idiots, inexplicables et racistes des autres ? Si je t'en reparle à présent, c'est parce qu'avant tout, rien n'aurait pû me faire oublier ces moments de complicité passés avec toi, mais aussi parce que je tenais à te faire partager une scène particulièrement émouvante à laquelle j'assistai hier après-midi depuis un banc ombragé du parc que nous connaissions si bien auparavant...Si mon cœur ne s'était pas endurci depuis, il est probable que, l'émotion me provoquant, je verse une larme.
Je lisais tranquillement et je levai alors les yeux lorsque j'entendis cette phrase qui va te rappeler bien des souvenirs : « amis pour toujours, n'est-ce pas ? »... Ma gorge s'était serrée, je ne cherchais plus à respirer, je ne cherchais plus à reprendre ma lecture, je ne cherchais plus qu'à t'écrire et te narrer cette scène. Tu me connais : je ne suis pas sensible ; et pourtant, moi aussi je croyais cela...Mais ce jour là, c'est notre passé qui est venu frapper à la porte de ma mémoire et de mes sentiments. Il s'agissait de deux petits garçons qui auraient dû _ s'ils avaient été suffisamment âgés pour le comprendre _ s'estimer heureux et chanceux de pouvoir vivre leur amitié sans la crainte d'être séparés, de vivre dans une époque et dans un nouveau siècle ayant évolué et étant capable d'admettre sans problème la différence...
Comme je regrette la fâcheuse situation qui nous a séparées ! Comme je regrette de ne plus vivre comme avant notre amitié passionnée ! Mon cœur en est serré depuis hier, je repense au peu de choses que nous avons vécu mais si intensément...Nous nous étions juré un futur si beau, de si belles promesses ! Parfois, tout devient injuste et c'est ce qu'il y a de plus