Cioran
D’après Les Nouveaux Chemins de la connaissance – A. Van Reeth
Les vertus du non : Cioran, le non comme affirmation (avec Nicolas Cavaillès)
Emil Cioran savait mieux qu'aucun autre que le non est la seule manière de rester en vie, puisqu’il est le seul moyen de rester infidèle à soi.
Et si le non était affirmation quand le oui ne serait que stagnation. Un seul exemple : à la question « comment ça va ? », lancée par un visage que l’on cherche à éviter, répondre oui présente l’avantage indéniable de gagner le droit de passer son chemin ; rétorquer non en revanche, intrigue, relance, prend en otage et même si on se refuse à développer, le non a ouvert un nombre infini de possibles et de conjectures quand le oui s’est contenté de fermer la porte.
Différence entre le nihiliste et le négateur : Cioran est un grand négateur et non un nihiliste. Cioran entend par nihilisme, le nihilisme russe qu’on trouve chez Dostoïevski. La négation de Cioran touche au cœur des choses. La négation est une nécessité intérieure qui lui permet de défouler une sensation d’insupportable face au monde. A la base de cette négation, il y a un cri. D’ailleurs, il préconisait un quart d’heure de hurlements par jour.
A quoi Cioran dit-il non ? Cioran dit non à l’existence en tant que conglomérat d’illusions ; il dit non avant tout à l’aventure humaine. Il y a une certaine négation de tout ce que l’homme a crée, conçu ou pensé. Cioran est un homme fatigué par l’humain.
Cioran est un grand lecteur de Kierkegaard car il balaie des siècles de philosophie qui le précède pour dire que la philosophie ne répond en rien à mes problèmes personnels et c’est cette réalité-là contre laquelle il va lutter toute sa vie.
« La négation n’est pas vacuité, elle est plénitude ; une plénitude inquiète et agressive ».
Distinction entre le douteur et le négateur : le douteur ne fait rien alors que le négateur, plus il nie, plus il affirme (« je nie donc je suis »). Le doute détruit sans