Citoyenneté et nationalité en contexte colonial français au xixe siècle
4191 mots
17 pages
« L’indigène n’est pas comparable au Français, […] il n’a ni ses qualités morales, ni son instruction, ni sa religion […], ni sa civilisation. L’erreur est généreuse et bien française ; elle a été commise par ceux qui ont rédigé la “Déclaration des droits de l’homme et du citoyen”, au lieu de rédiger plus modestement la “Déclaration des droits du citoyen français”. » - Paul Azan, 1925 Lorsque la France conquiert l’Algérie, en 1830, l’objectif de Charles X n’est absolument pas d’en faire ce qu’elle deviendra plus tard sous la IIe puis la IIIe République, à savoir un département français. Il s’agissait pour le frère de Louis XVI de redorer l’image d’une Restauration de moins en moins prestigieuse et appréciée par une victoire militaire qui redonnerait du crédit au régime. La reddition finale d’Abd el-Kader n’interviendra pourtant qu’en 1947 et la Restauration chuta quelques semaines après le début de cette entreprise militaire. Depuis le début de cette conquête algérienne, qui marque le début de la période de l’Empire colonial français moderne, le statut de ceux qu’on appellera tour à tour « sauvages, musulmans (dans le cas de l’Algérie), autochtones, indigènes, puis officiellement sujets français » ne cessera de poser problème, aussi bien au sein même des colonies qu’à l’Assemblée Nationale. Il obligera les leaders républicains à s’interroger sur les concepts de citoyenneté et de nationalité, deux notions inventées sinon consacrées par la Révolution français de 1789. Si la nationalité peut se définir assez aisément d’un point de vue juridique (« La Nationalité se définit comme l’appartenance juridique et politique d’une personne à la population constitutive d’un État » ; encyclopédie Larousse), sa définition substantielle est profondément affectée au XIXe siècle par le mouvement des Nationalités au milieu du siècle, dans une certaine mesure par la doctrine du Nationalisme, mais aussi et surtout dans le cas français par l’entreprise coloniale. Quant