Manuscrit français 99, folio 143
Combat de Tristan et Palamède
Le manuscrit qui présente le combat de Tristan et Palamède a comme source d’inspiration le Tristan en prose (XIIIe siècle) qui, pour la première fois, relie l’histoire de Tristan au cycle arthurien. Le personnage Palamède apparaît, d’ailleurs, dans le Tristan en prose, étant repris dans le cycle Post-Vulgate et, plus tard, dans la variante de Malory, La Morte d’Arthur. Toutefois, le Palamède médiéval, figure de
Sarrasin christianisé, se superpose comme sur un palimpseste sur une autre figure, homérique cette fois-ci, d’un Palamède antique, rival et deconspirateur d’Ulysse.
Mais, à la fois, le nouveau Palamède garde une qualité de l’ancien: on lui attribue l’invention d’un jeu, le jeu d’échecs, et par conséquent, son blason sera échiqueté.
Le commanditaire du manuscrit est Jean d’Armagnac, petit-fils du Duc de Berry, et la miniature a été faite par Évrard d’Espinques, au XVe siècle. En effet, les armoiries de Tristan en tant qu’on les connaît de la miniature se seraient fixées dans les Armoriaux au XVe siècle, car jusqu’alors son blason était tout différent – armes de gueule à deux couronnets d’or, qui, d’après M. Pastoureau1, sont les véritables armoiries de Tristan. La nouvelle structure chromatique de son blason, sinople au lion d’or, a une symbolique beaucoup plus complexe que l’autre, étant donnée par la combinaison du vert et du jeune qui dénote la folie, exprimant l’idée de désordre2.
Surtout, Tristan est connu des versions antérieures (Béroul, Thomas, en ajoutant les deux Folies de Berne et d’Oxford) comme le fou d’amour par excellence.
Passant aux armoiries de l’adversaire de Tristan, Palamède, on est frappé par la multitude de carrés et par cette bizarre alternance de noir et blanc en des carreaux. Il est vrai qu’on rencontre d’autres blasons en carreaux à l’époque, mais l’originalité de celui-ci réside, dirais-je, dans le fait qu’il représente un jeu, soit-il venu