Commentaire analytique : "Tant que mes yeux pourront larmes épandre" de Louise Labé
« Tant que mes yeux pourront larmes épandre » est un texte poétique rédigé par Louise Labé au 16ème siècle, en pleine renaissance ; époque où les formes poétiques médiévales tel que le rondeau, la ballade ou l’épître, tombent en désuétude et cèdent leur place à l'ode, le sonnet, l'élégie, le discours, l'églogue et encore à bien d’autres. Ce poème, bien que sonnet dans la forme, s’apparente plutôt à l’élégie dans le fond : il présente en effet une tournure plaintive que l’on retrouve dans l’expression d’une souffrance amoureuse. Essayons d’en préciser les différentes thématiques et d’établir les liens qui les unissent.
D’un point de vue conceptuel, ce poème est bien évidemment caractérisé par l’amour : une relation amoureuse entre deux protagonistes : le « je » (auteur ?) et le « toi », l’amante (vers 12) et l’aimé; une histoire ancienne, suggérée trop courte, notamment par la licence poétique du « e » au vers 3 dans le groupe COD « heur passé » et par la nature-même du poème : il écrit en décasyllabes et non en alexandrins comme le veut un « parfait » sonnet. La focalisation interne vient renforcer l’aspect sentimental et la souffrance qu’éprouve le « je » ; souffrance, tristesse, elle-même appuyée par l’utilisation d’un lexique y faisant rapport : « larmes, sanglots, soupirs, regretter, mourir, tarir, mortel, noircir ». Remarquons que, de globalement, ces termes apparaissent de manière progressive et reflètent, de la même façon, l’évolution de la souffrance dans le poème : au début, elle résulte de l’absence de l’aimé ; à la fin de l’absence de sentiments pour l’aimé. Aussi, cette progression lexicale installe et conforte la troisième grande thématique de ce poème : la mort, présentée comme exutoire à la plus grande des souffrances : celle de ne plus aimer.
De la sorte, l’amour est associé à la vie, et l’absence de sentiments à