L’expert scientifique exerce dans beaucoup de débats un rôle de messager entre les Hommes et le monde, lui seul semble avoir le privilège de connaître ce qui était, ce qui est et ce qui sera. C’est pourquoi la science fascine. Un des outils utilisés inconsciemment lors des découvertes scientifiques est l’objectivité (scientifique). Nous pouvons définir par objectif tout ce qui se rapporte à l’objet de la connaissance. Un jugement est objectif s’il est conforme à son objet (accord de la pensée avec le réel). Comme objectif peut aussi être définit tout ce qui ne dépend pas de nous-mêmes et est valable pour tous. Dans ce cas un jugement est dit objectif s’il est universel (accord des esprits entre eux). Mais l’objectivité comprise ainsi a des origines historiques récentes, elle a nécessité ses prophètes, ses philosophes et ses défenseurs dont Bachelard en fait partie. Dans la Psychanalyse du feu (1949), Bachelard dédie un extrait à l’objectivité lequel permet au lecteur de s’interroger sur comment parvient-on à l’objectivité scientifique. En un premier temps il parle des attitudes objectives des Hommes et ensuite de la philosophie comme médiatrice entre la poésie et les sciences.
Le mot « ironie » vient d’un verbe grec qui signifie questionner. Prenons l’exemple de Socrate, son ironie est caractérisée à la fois par la distance qu’il sait prendre avec un peu de malveillance vis-à-vis de ses interlocuteurs. Cette étymologie peut expliquer la première phrase de l’extrait étudié du texte de Bachelard. « La pensée objective doit ironiser », en d’autres mots il doit exister une distance comme dans l’ironie par rapport aux choses. Cette distance est ici appelée « vigilance malveillante ». De cette manière l’Homme peut construire un problème, détecter une anomalie… c'est-à-dire porter un regard critique sur le sujet étudié. Cela mène Bachelard à dire que sans une pensée objective, l’Homme ne prendra jamais une attitude objective.