Commentaire candide chapitre 19
Au cours du XVIIIe siècle, plus de six millions d’Africains ont traversé ‘Atlantique pour servir de main-d’œuvre abondante et bon marché aux vastes plantations qui produisent le sucre et le café à destination de l’Europe. La traite des noirs a commencé dès le début du XVIe siècle. La couronne espagnole, les marchands de Lisbonne importent déjà un nombre important d’esclaves: 4000 à 5000 par an entre 1595 et 1640. Au XVIIe siècle, les Hollandais prennent en main ce trafic. L’Angleterre et la France participent à ce commerce. En 1685, Louis XIV promulgue le Code noir qui régit la condition des esclaves. À la première évasion, l’esclave a les oreilles coupées ; à la seconde, il a le jarret coupé. La troisième évasion est punie de mort. Un esclave qui frappe son maître est aussitôt mis à mort. La barbarie de ce code ne révolte guère les consciences. Bossuet explique que condamner l’esclavage « reviendrait à condamner le Saint- Esprit qui ordonne aux esclaves de demeurer en leur état ». Les discours des pasteurs hollandais rapportés par le nègre de Surinam sont un écho à peine déformé de ces propos. La remise en cause de l’esclavage passe en fait par plusieurs étapes. En rédigeant Candide, Voltaire, qui se souvient des pages de Montesquieu sur le statut des esclaves, ne remet pas en cause le principe même de l’esclavage mais seulement ses modalités : c’est l’inhumanité des maîtres qui cause tous les maux de l’esclave. La protestation voltairienne invite, non pas à l’abolition de l’esclavage, mais à la modération qui caractérisait parfois l’esclavage antique : il faut traiter les nègres avec la même humanité que les domestiques, comme le recommande Locke aux maîtres esclavagistes de la Caroline. La protestation anti-esclavagiste va devenir progressivement plus véhémente. Helvétius dévoile l’horreur de l’esclavage dans une formule forte: « il n’arrive point de barrique de sucre en Europe qui