commentaire- Chapitre 1 de Candide
Ce texte, qui ouvre le roman, décrit la société du château de Thunder-ten-tronkh, où naît Candide, le héros. Elle servira de “paradis terrestre”, qui servira de référence tout au long du récit. Plus tard, le jeune homme s'affranchira de cet univers qu'au début il juge parfait; en attendant, il accepte sans broncher l'ordre établi, representé politiquement par le baron et idéologiquement par Pangloss. Des failles cependant apparaissent dans ce monde: elles rendent possible l'évolution du personnage et inaugurent le combat que Voltaire entreprend contre les impostures du pouvoir nobilaire et contre le dogmatisme intellectuel, incarné par la philosophie optimiste (doctrine inspirée du philosophe allemand Leibniz suivant laquelle nous vivons dans le plus heureux des mondes; le mal n'est qu'une apparence, car il s'inscrit dans la logique d'une “harmonie préétablie” qui justifie tout). Trois axes directeurs pourront guider notre approche: l'utilisation du schéma traditionel du conte, l'illusion du pouvoir nobilaire, l'illusion de la philosophie optimiste.
I. Du conte traditionel au conte philosophique
A) L'ouverture d'un conte
Le roman commence comme un conte merveilleux, une fiction simple et limpide, destinée à séduire l'imaginaire. La formule “Il y avait...” rappelle le début des contes de fées (“Il était une fois”). Nous entrons dans un “château”, décor par excellence des rêves de bonheur et des aventures extraordinaires. Tout y est excessif. L'usage fréquent du superlatif (“les moeurs les plus douces”, “l'esprit le plus simple”, “le plus beau des chateaux”) implique un univers de perfection qui échappe à nos lois habituelles. Certaines expressions comme “injure du temps” imitent l'outrance propre au genre.
B) Les noms propres
La schématisation des personnages réduits à une seule qualité (candeur, orgueil, bavardage, sensualite) est une autre caractéristique du conte, où tous les rôles sont stéréotypés: le roi, la princesse, la fée, la