Le projet naturaliste de Zola, dans la seconde moitié du XIXè siècle, est à la fois littéraire et scientifique : l'auteur effectue des recherches documentaires pour reconstituer des milieux dans lesquels il fera évoluer des personnages en fonction de leur hérédité et de leur interaction avec le monde où ils vivent. Dans Au Bonheur des Dames, il décrit le passage du commerce traditionnel au commerce de masse, avec l'ouverture de premier grand magasin éponyme, par Octave Mouret que nous retrouvons après une journée de , fier de son œuvre. Dans ce passage, Zola métamorphose, par la puissance des images, la réalité contemplée par Mouret. Nous verrons tout d'abord l'aspect réaliste, naturaliste de ce grand magasin, puis la métamorphose, l'amplification visionnaire de la scène et enfin quelle vision de l'homme et du monde s'y trouve.

En effet, par certains aspects, nous pouvons qualifier l'évocation du magasin de réaliste, voire naturaliste. Voyons tout d'abord le traitement des lieux et de la marchandise. Le vocabulaire employé est précis et permet de voir concrètement l'organisation du magasin comme le montrent les termes techniques tels que , ou , ou encore l'architecture moderne du magasin où se trouvent une , des ,… De même, la marchandise est mentionnée dans sa diversité avec des termes génériques comme , , et . La modernité n'est pas uniquement présente dans l'architecture du magasin, mais également dans les techniques de vente employées, qui sont nouvelles, inventées par Mouret : fait référence à des soldes et le patron affiche ; contrairement aux petits commerces, ici se pratique l' et, de surcroît, il fait preuve de vis-à-vis de ses clientes et propose des , soit des promotions, façons de procédé inhabituelles à l'époque. Enfin, le narrateur se montre également réaliste dans sa façon d'évoquer les clientes et particulièrement de rendre l'impression de foule. Pour cela, il emploie, à la ligne 5, le pronom indéfini , des pluriels comme , ou encore le