Dans cet extrait, la narratrice s’intéresse uniquement au regard que va porter M de Clèves sur Mlle de Chartres. On peut parler de point de vue omniscient focalisé sur le prince, permettant ainsi de l’observer dans ses émotions ( mélange de surprise, d’étonnement et d’admiration ) et dans ses interrogations sur l’identité de Mlle de Chartres (est-elle une fille ? mais alors pourquoi le joaillier l’appelle-t-il Madame ? D’où lui vient son air modeste ?) .Grâce à ce procédé nous aboutissons à la conclusion que le prince est tombé amoureux.
A contrario, cette forme de narration laisse planer le mystère autour des pensées et des sentiments de Mlle de Chartres. Hormis la gêne et l’embarras qu’elle éprouve sous le regard persistant de M de Clèves, elle reste un personnage mystérieux dont on ne connaîtra à aucun moment la nature réelle de sa confusion.
On la verra tout d’abord rougir, puis tenter de reprendre ses esprits, pour finalement prendre la fuite.
Ce point de vue permet d’assister à la naissance de la passion soudaine de M de C pour Mlle de C ce qui peut pousser le lecteur à s’interroger sur le comportement de la jeune femme.
Sa gêne provient-elle de son éducation ? D’un sentiment amoureux, d’un agacement ?
A ce stade du récit nous n’aurons pas de réponse.
Il s’agit d’une rencontre amoureuse « particulière » dans la mesure où cet amour n’est pas partagé de la même façon et ne semble pas réciproque.

Plusieurs éléments nous permettent de situer cette scène dans la société aristocratique sous le règne d’Henri II.
Tout d’abord, elle se passe chez un joaillier italien dont le nom et la richesse étaient connus de tous les aristocrates de l’époque. « Sa maison paraissait plutôt celle d’un grand seigneur que d’un marchand ». Cette maison devait être un haut lieu de rencontre pour les aristocrates. Les bijoux achetés, signes de reconnaissance, symbolisaient leur rang et leur richesse. On peut supposer qu’à l’époque tous les aristocrates se connaissaient au moins